Un coup de cœur de Cyril

 

Clémentine Mélois est la fille de Bernard Mélois, sculpteur dont le matériau de prédilection est la tôle émaillé de récup.
Elle retrace l’accompagnement de son père lors de ses derniers mois de vie et la préparation de son enterrement, alternant le récit entre ce parcours et les souvenirs qu’évoquent les éléments survenant, nous plongeant dans la vie de l’artiste et de sa famille depuis les yeux de sa fille.


Moult détails et anecdotes fournies sur la vie du sculpteur, le capharnaüm qui est sa maison, et la jeunesse de sa fille, me faisant découvrir l’univers d’un artiste et sa façon d’avancer dans le monde, chose qui m’était plutôt étrangère.
Elle s’ouvre et livre un complet témoignage d’amour familial. Les personnages du roman sont les membres du tableau familial, qu’on découvre par leurs qualités.
Un ton qui semble léger au premier abord, d’autant plus marqué par l’humour à la limite de l’autodérision, mais menant à chaque fois dans la profondeur des pensées philosophiques qui naissent de ces instants intenses. Malgré la situation dramatique rien n’est trop lourd à lire.


C’est Intime. Digne. Tendre.


L’humour omniprésent n’est jamais déplacé ou irrespectueux, mais au contraire très naturel et parfaitement à sa place puisqu’il semble être dilué dans l’essence même de la mentalité des Mélois.
Avec une écriture fluide elle alterne de manière naturelle entre ces souvenirs, ces blagues autocritique presque pince sans rire, ces réflexions plus profondes, ces photographies de ses proches.
Ponctué de petits échanges avec son père, sans contexte, qui se suffisent très bien à eux même et qui aèrent très bien le texte tout en participant au dessin de la personnalité de son père.

Aux 3/4 du livre, l’inévitable et attendue fatalité survenue, c’est alors avec des extraits piochés dans le journal de Bernard Mélois (à la place des petits dialogues) que l’autrice continuera de ponctuer le récit de la suite des événements.
Positif même si régulièrement émouvant. Le premier sujet du livre est bien son père, le lien qu’elle a avec lui et la fin de sa vie, mais l’autrice nous fait part en arrière-plan de sa façon de voir et d’aborder le monde et les évènements de la vie, par une philosophie de vie positive, bienveillante et artistique.


Comme je l’ai dit, on y découvre la façon de vivre de son père, mais surtout ce qu’il lui a transmis qu’on retrouve chez elle. J’ai senti ce transfert de ces petites particularités d’artistes dont je parlais et dont elle a hérité.
Malgré l’apparence improvisé et décousus de chaque petit acte de leur vie, sur la longueur on gagne du recul et l’on découvre alors que leur style de vie a une cohérence, de l’homogénéité. Les Mélois donnent du sens à tous les petits hasards en les liants par le processus créatif artistique.


Je ne saurais pas dire si ce sont les petites choses extraordinaires d’une vie ordinaire, ou au contraire les petites choses ordinaires de leur vie extraordinaire.
C’est une façon de vivre qui suit son propre mécanisme, pour atteindre son propre résultat, dans tous les aspects de la vie, même dans son étape dramatique. Et ce résultat, c’est précisément celui recherché par tout artistes : la représentation du beau.
Assez bizarrement (Mais en fait habilement), Clémentine Mélois a réussi à me faire passer un bon moment avec la lecture de ce livre retraçant pourtant un moment pénible pour elle, sans doute parce qu’elle l’a écrit avec ce qui me semble être son approche sereine et rigolote de la vie sans que cela n’enlève une once de sa profondeur.


Mais bien au-delà de l’humour agréable à lire, c’est au final un hommage touchant qu’elle peint de son père.

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