Un coup de cœur de Marion
C’est de mes petits plaisirs en vacances : pousser la porte d’une librairie, flâner dans les rayons, parcourir les quatrièmes de couverture en laissant vagabonder mon imagination et lire avec curiosité et délectation les coups de cœur rédigés avec soin par les libraires.
C’est de cette manière, dans cette jolie librairie Les Ruelles à Périgueux, dont je suis tombée sur ce roman au titre intriguant : Toilettes pour Femmes.
Mon féminisme s’étant forgé au fur et à mesure des années à grands renforts de lectures de romans contemporains d’autrices engagées, de récits de vie et essais de figures du militantisme féminin, de revues à contrecourant de ce que l’on nomme « la presse féminine », de films et de séries dont on ne parle pas dans les médias mainstream, je pensais connaître mes « classiques »…
Et pourtant, je découvre avec stupeur que ce roman de Marilyn French, paru en 1977 aux USA, vendu à 20 millions d’exemplaires à travers le monde et traduit en 20 langues, se place aux côtés du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir dans la catégorie des best-seller féministes mondiaux. Et je n’en avais jamais entendu parler !
Quasi introuvable en France depuis sa parution en 1978, ce sont les éditions Robert Laffont qui le rééditent en mars 2024 dans leur collection Pavillons Poche.
Dans ce roman foisonnant de personnages féminins en proie aux affres d’un quotidien souvent banal et enfermant, le lecteur suit le parcours d’émancipation de Mira, semé d’embûches et d’expériences douloureuses dans une société conservatrice et patriarcale des années 50 mais riche de belles rencontres et d’amitiés féminines puissantes qui lui permettront de se découvrir et de se forger, avec rage et détermination.
700 pages : toute une vie pour se construire et re-naître…en Femme libre.
Quelques longueurs dans la narration et lacunes de traduction n’en font pas une lecture aisée, mais ce roman de la sororité, de la colère aussi, empreint d’une grande lucidité et d’un réalisme déconcertant résume à lui seul tous les rouages et mécanismes du patriarcat en marche depuis… de trop nombreuses années.
Une claque !
« Grâce à la loi Lang de 1981, le prix du livre est fixé par l’éditeur et il est donc vendu partout au même prix : que ce soit sur Internet, dans une grande surface culturelle ou…en librairie ! Alors n’hésitez pas à pousser leur porte et laissez-vous surprendre par les conseils avisés des libraires ! »
