Coup de ♥ de Diane : "Je pense que j’en aurai pas" de Catherine Gauthier

« J'ai 37 ans et je pense que j'aurai pas d'enfant. J'ai pas dit que j'en veux pas. J'ai dit que j'en aurai pas. »

Dans « Je pense que j’en aurai pas », lancé dans la collection Quai n° 5 des éditions XYZ, l’autrice québécoise Catherine Gauthier relate la question très intime, voire taboue, de la « nulliparité involontaire ».

Ce roman graphique en noir et blanc livre un récit riche en émotions, entrecoupé de témoignages de femmes qui, comme elle, ne sont pas mères, par choix ou par circonstance, par fierté ou encore par conviction. Chaque témoignage est empreint de mélancolie, de joie, de peine aussi.

Elle pose les questions intrusives que beaucoup de femmes se posent à un moment de leur vie : est-ce possible de renoncer à la vie que l’on avait imaginée, au rêve d’une maison, d’un mari et d’enfants qui courent partout ?

Mais finalement pourquoi fait-on des enfants ? Peut-on être une femme sans avoir d’enfant ? Est-ce suffisant pour soi ou aux yeux de son entourage ? Existe-t-il d’autres chemins de vie ? Vais-je le regretter ?

« La maternité. On se pose forcément la question un jour. Enfin pas la question, plutôt une multitude de questions, surtout si on n'est pas sûre. Et puis notre entourage aussi s'y met parfois quand la non-maternité (subie ou choisie) entre en jeu. » Vivement Dimanche (Lyon)

Car en effet, il est encore trop difficile de dissocier féminité et maternité.

Selon les injections sociales et/ou le jugement familial et amical, une femme épanouie, l’est qu’à partir du moment où elle concevra ses enfants entre ses entrailles et les bercera dans ses bras.

Les illustrations sont aussi sublimes que poétiques. Les traits sont fins, doux mais percutants, très travaillés car hyperréalistes et pourtant légers comme un nuage qui tente de nous libérer du poids de la société.